- trahison
-
• traïsun 1080; de trahir1 ♦ Crime d'une personne qui trahit, passe à l'ennemi. ⇒ défection, désertion. « on peut décider a priori que les trahisons sont toujours motivées par l'intérêt et l'ambition » (Sartre).♢ Haute trahison : intelligence avec une puissance étrangère ou ennemie, en vue ou en cours de guerre. — Manquement grave, de la part du président de la République, aux devoirs de sa charge.2 ♦ Action de trahir (2 o), de manquer au devoir de fidélité. ⇒ déloyauté, félonie, parjure, perfidie, traîtrise. Payer « de quelque trahison [...] une tranquillité précaire » (Péguy).3 ♦ Grave infidélité en amour (⇒ 2. adultère). « Les réciproques trahisons Font qu'on se quitte un jour, sans larmes » (Ch. Cros).4 ♦ Action de dénaturer une pensée. Cette traduction est une trahison de la pensée de l'auteur.⊗ CONTR. Fidélité.Synonymes :- félonie- traîtriseManquement à la parole donnée, à un engagement, à un...Synonymes :- défection- déloyauté- démission- désertionContraires :- fidélitétrahisonn. f.d1./d Crime de celui qui trahit. La trahison de Judas.|| Intelligence avec l'ennemi.d2./d Grave tromperie; acte déloyal.⇒TRAHISON, subst. fém.A. — 1. Action de trahir en livrant ou en abandonnant une personne, une collectivité. Commettre, consommer une trahison; se rendre coupable de trahison. C'est à la trahison qu'Il [le Christ à l'agonie] pense, et elle [Chantal en extase] y pense comme lui. C'est sur la trahison qu'Il pleure, c'est l'exécrable idée de la trahison qu'Il essaie vainement de rejeter hors de lui, goutte à goutte, avec la sueur de sang (BERNANOS, Joie, 1929, p. 684):• Les hommes vraiment coupables sont ceux qui, après s'être approchés de Louis XVIII, après en avoir obtenu des grâces et lui avoir fait des promesses, ont pu se réunir à Bonaparte; le mot, l'horrible mot de trahison est fait pour ceux-là; mais il est cruellement injuste de l'adresser à l'armée française.STAËL, Consid. Révol. fr., t. 2, 1817, p. 259.— DROIT♦ Crime de trahison. Crime intentionnel contre la sécurité extérieure de l'État; en partic., crime de l'individu qui porte les armes contre sa patrie ou livre des plans qui intéressent la défense nationale (d'apr. CAP. 1936). Mais si le fait que l'ennemi a utilisé certains de ses articles suffisait à le charger du crime de trahison, la salle des assises serait trop petite pour contenir la foule des coupables (MAURIAC, Bâillon dén., 1945, p. 473).♦ Haute trahison. Crime consistant à entretenir des relations coupables avec une puissance étrangère ou ennemie; crime d'ordre politique consistant, pour le président de la République, à manquer gravement aux devoirs de sa charge. V. haut1 I H 3 ex. de Dumas père et de Morand.— Loc. adv., littér. En trahison, par trahison. Traîtreusement. Tuer quelqu'un en trahison, par trahison (Ac. 1935).2. P. méton. Ensemble de ceux qui trahissent. En dépit de la situation dans laquelle l'invasion et la trahison ont jeté notre pays, il est d'importance vitale que la France participe à la grande bataille d'Europe avec toutes les forces dont elle dispose (DE GAULLE, Mém. guerre, 1956, p. 579).B. — 1. Action de trahir en trompant la confiance de quelqu'un, en manquant à la foi donnée à quelqu'un, à la solidarité envers quelqu'un; résultat de cette action. Synon. déloyauté. J'étais à peine couché que je dus me relever. Je ne pouvais pas laisser Winifred ainsi seule, dans cette chambre où tout venant pouvait entrer. C'était une trahison; j'étais moralement responsable de cette fille, au moins jusqu'au lendemain matin (LARBAUD, Barnabooth, 1913, p. 255). Est-ce donc ça, une famille? Des duperies, des trahisons, des querelles, des chantages et des mensonges! Cela vaut-il vraiment tant d'amour, tant de peines, tant de travail, tant d'angoisses? (DUHAMEL, Jard. bêtes sauv., 1934, p. 233).— En partic. Infidélité en amour. J'aurais été réellement trompé, et sûr de la trahison d'une femme aimée, que je n'aurais rien éprouvé de pire (MUSSET, Confess enf. s., 1836, p. 339).2. P. ext. Action d'agir en contradiction avec un engagement, une cause. L'archevêque de Paris déclare: « (...) Le cinéma n'est pas une marchandise comme les autres: car l'argent que vous y gagnez peut être l'honnête salaire d'un service que vous rendez à l'humanité; mais il peut être aussi le salaire d'une trahison envers votre idéal (...) » (Le Figaro, 19-20 janv. 1952, p. 2, col. 8).C. — Au fig.1. Action de ne pas traduire fidèlement, de déformer, de dénaturer quelque chose. Si, de l'œuvre, il [l'interprète] retranche des parties qui lui paraissent inutiles, difficiles, ou s'il ajoute des effets, (...) j'appellerai toujours ces manières de procéder des trahisons, à moins que l'auteur lui-même ne considère son interprète comme un collaborateur (ARGER, Init. art chant, 1924, p. 184).2. Indications, données trompeuses. La trahison des sens. Le brouillard est un obstacle mou; de là des périls; il cède et persiste; le brouillard, comme la neige, est plein de trahison (HUGO, Homme qui rit, t. 1, 1869, p. 136).Prononc. et Orth.:[
]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. Ca 1100 traïsun (Roland, éd. J. Bédier, 178); ca 1160 par traïson (Eneas, éd. J.-J. Salverda de Grave, 5); 1292 graunt tre(y)soun « haute trahison » (BRITTON I .IX.1 et 2 ds NED); 1649 haute trahison (I. ANGO, Récit véritable, p. 11 ds MACK. t. 1, p. 74). Dér. de trahir; suff. -on1. Fréq. abs. littér.:1 582. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 2 058, b) 2 167; XXe s.: a) 2 784, b) 2 135. Bbg. SLATER (C.). Defeatists and their enemies. Oxford, 1981, pp. 92-93.
trahison [tʀaizɔ̃] n. f.ÉTYM. 1080, traïsun; de trahir.❖1 Action de trahir (1.), en livrant ou abandonnant une personne, une communauté… (⇒ Infidélité; délation, dénonciation); spécialt., en désertant, en passant à l'ennemi. || La trahison des soldats. ⇒ Défection, désertion. || Espionnage (cit. 5) et trahison. — Dr. || Crime de trahison, contre la sécurité extérieure de l'État (port d'armes contre la patrie, livraison de plans, de secrets intéressant la Défense nationale). — (1677; angl. high treason). || Haute trahison : intelligence avec une puissance étrangère ou ennemie, en vue de guerre ou en cours de guerre. Manquement grave, de la part du président de la République, aux devoirs de sa charge (→ Incriminer, cit. 1).1 (…) des soldats pour mourir, non pour vaincre, des soldats prédestinés à la défaite par la désertion du moral, et dont le cerveau trouble est hanté par le grand dissolvant des armées : la Trahison.Ed. et J. de Goncourt, Journal, 7 sept. 1870, t. IV, p. 25.2 (…) on peut décider a priori que les trahisons sont toujours motivées par l'intérêt et l'ambition. Mais si, peut-être, cette psychologie à grands traits rend plus faciles les classifications et les condamnations, elle ne correspond pas tout à fait à la réalité. Il y a eu des collaborateurs désintéressés (…)Sartre, Situations III, p. 50.2.1 Personne ne se méprendra si j'écris : « La trahison est belle », et n'aura la lâcheté de croire — feindre de croire — que je veuille parler de ces cas où elle est rendue nécessaire et noble, quand elle permet que s'accomplisse le Bien. Je parlais de la trahison abjecte. Celle que ne justifiera aucune héroïque excuse. Celle qui est sourde, rampante, provoquée par les sentiments les moins nobles : l'envie, la haine (…)Jean Genet, Journal du voleur, p. 257.♦ Par métonymie. Ensemble de ceux qui trahissent.2 (1080). Action de trahir (2.); son résultat. ⇒ Bassesse, déloyauté, duperie, félonie, forfaiture, fourberie, lâcheté, perfidie, prévarication, traîtrise. || Commettre une trahison. || Le mensonge et la trahison (→ Bassesse, cit. 28; parjure, cit. 2). || Politique et trahison (→ Panoplie, cit. 3). — Action de trahir une cause, une mission, une fonction. ⇒ Défection. || La Trahison des clercs, œuvre de J. Benda. — Action de se trahir en se reniant, en changeant (→ Finalité, cit. 2).3 L'on fait plus souvent des trahisons par faiblesses que par un dessein formé de trahir.La Rochefoucauld, Maximes, 120.4 Ses ennemis (…) firent écrire, imprimer la nuit, répandre un libelle atroce. Le matin, allant à l'Assemblée, Mirabeau entendit crier partout : La grande trahison découverte du comte de Mirabeau.Michelet, Hist. de la Révolution franç., III, VI.3 (Mil. XVIIe). Spécialt. Grave infidélité en amour. ⇒ Adultère, inconstance. || Un abandon (cit. 2) si cruel, une trahison si basse. || Lui reprocher son indigne (cit. 19) trahison. || La trahison de la femme (→ Habituer, cit. 5).5 Honte à toi qui la premièreM'as appris la trahison (…)A. de Musset, Poésies nouvelles, « Nuit d'octobre ».6 Puis, les baisers perdent leurs charmes,Ayant duré quelques saisons.Les réciproques trahisonsFont qu'on se quitte un jour, sans larmes.Charles Cros, Lendemain.4 Action de dénaturer une pensée en la présentant. || Un arrangement de textes qui est une véritable trahison (→ Interpoler, cit. 3). || Les trahisons d'une mauvaise traduction.❖CONTR. Aide, constance, fidélité, foi.
Encyclopédie Universelle. 2012.